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La Semaine sainte d'un papa confiné - Chapitre 7 : "Ce sera mon chemin de croix"

Tristesse matinale. Quelques minutes après son lever, Joachim est déjà morose. La raison ? Notre (charmante) voisine lui a confectionné un masque. Mais Marie doit encore attacher les élastiques. Et ce matin, elle est pressée. « Ce sera pour ce soir ». Un drame pour notre garçon de 4 ans qui voulait absolument démarrer sa journée masqué.


On déjeune donc sans faim ni joie. Je n’ai guère beaucoup d’énergie. Des chansons d’Henri Dès semblent lui faire plaisir. Depuis mon smartphone, paresseusement, j’enchaîne les titres. Pendant ce temps, sur mon ordi, j’essaie de bosser un peu. Puis, je me rappelle que Marie m’a transféré de brefs dessins animés « spéciaux semaine sainte ». Je les propose à Jojo. Il accepte, bien sûr. Ainsi défilent sous ces yeux les images de la dernière Cène, du baiser de Judas et de la crucifixion. Evidemment, j’aimerais donner du sens à ces dessins. Susciter un dialogue. Mais mes questions demeurent sans réponse. Et quand il comprend qu’il a vu le dernier film, Joachim retrouve sa mauvaise humeur. J’insiste : nous pourrions prendre un petit temps de prière pour Jésus ? Il décline. S’énerve. Moi aussi.


A l’heure du chemin de croix, je tombe sur un « live », en direct d’une église. Mais Youtube propose aussi une compilation dévoilant les « pistes d’atterrissage les plus dangereuses du monde ». Cela n’échappe pas à Joachim. Il veut voir les avions. Ce sera mon chemin de croix.


Au fond de moi, je m’en veux. Me suis-je mis à la place de mon grand garçon ? Ai-je vraiment écouté son chagrin d’enfant ? Ai-je essayé de trouver une solution ? Non, pas vraiment. Je me suis plutôt contenté de le distraire. De gagner du temps et de m’en offrir un peu. Avec des écrans. Puis, J’ai voulu lui proposer une démarche intérieure. Mais j’ai oublié quelque chose : me mettre à la hauteur de son cœur.


Aujourd’hui, je cherchais la paix, le calme, la profondeur. J’espérais que cela m’aiderai à « entrer » dans ce Vendredi saint. Joachim est venu avec sa tristesse, ses cris, sa douleur. Et au fond, ne sont-ce pas là des signes très tangibles d’un Vendredi saint ?


Mais les enfants ont aussi cette étonnante capacité à rapidement passer de la tristesse à la joie. Joachim m’en offrit encore la démonstration aujourd’hui. Il me rappela alors à quel point de la mort peut jaillir la Vie.


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