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La Semaine sainte d'un papa confiné - Chapitre 9 : La fête sera belle

Bah oui, bien sûr qu’elles sont passées, les cloches. En réalité, dès son réveil, Joachim le savait : durant la nuit, il les avait entendues tinter… Emerveillement, donc. Et tandis que Joachim partait à la chasse, Isaac s’installait déjà sur sa chaise haute pour déguster un lapin en spéculoos. Imperturbable.


Je me dis que nous avons beaucoup de chance. La chance de donner du sens à ces festivités. Celles-ci me sembleraient un peu creuses si derrière le chocolat, il n’y avait que des cloches. Si derrière ces œufs, il n’y avait que du marketing. Et si cette Semaine sainte n’était qu’une semaine parmi d’autres. Chance d’avoir vécu une traversée. Un passage. Une pâque.


Ainsi donc s’achève ce journal. Expérience inédite, passionnante, agréable, exigeante. Au départ, je ne pensais pas écrire chaque jour. Je me suis finalement pris au jeu. Et j’en retiens essentiellement trois fruits.


Celui de la relecture, tout d’abord. Me mettre devant mon écran au terme de la journée m’invite à passer en mémoire ce qui lui a donné sens et saveur. Il s’agit alors de faire revenir à la conscience et dans le cœur ces petites choses passées parfois inaperçues. De savourer à nouveau ces épisodes sacrés. Ou de poser un regard neuf sur des réalités difficiles. Mon appartenance à la Communauté de Vie Chrétienne (CVX), mouvement ignatien de laïcs, constitue, de ce point de vue, un fécond lieu d’exercice.


L’intensité de la vie, ensuite. Cela me frappe : durant chaque journée, je peux passer par la fraternité et la solitude, la passion et le réconfort, la mort et la vie. Si l’on y regarde bien, chaque jour peut avoir valeur de Semaine sainte. Et chaque jour, si je le veux, je peux observer Dieu agissant dans ma vie.


La valeur de la communauté, enfin. Quelle chance ai-je de vivre dans une famille – une petite communauté ! Mais quelle chance ai-je d’avoir d’autres lieux d’appartenance – et notamment Notre-Dame d’espérance. Quelle chance avons-nous de disposer d’outils technologiques qui nous permettent de faire corps même sans nous voir. Mais quelle chance avons-nous de pouvoir, en temps normal, nous voir si souvent. Tisser des liens, les approfondir, grandir ensemble…


Déjà, je me réjouis des retrouvailles. Nous ignorons encore quand elles auront lieu. Mais déjà, nous pouvons être certains que sous le regard du Ressuscité, la fête sera belle.


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